Top Chef S16e01 - 7 premières chairs à étoiles
Nouvelle saison, un gros jury, des inspecteurs du guide : cette année, Top Chef met les petits plats dans le grand macaron.
Ca y est ! Après une saison 15 ayant attiré près de 33% des 15-34 ans et couronné Jorick Dorignac au titre suprême, Top Chef revient et ressort les couverts, pas seulement en argent mais aussi en étoiles - et je suis heureux de venir vous narrer, pour cette saison, la chronique de ces épisodes sur Substack.
Pour cette année annoncée comme exceptionnelle, le gagnant ou la gagnante de cette saison se verra remettre, en plus d’un prix pouvant atteindre les 100.000€ et des clés d’un restaurant éphémère (par principe, les premiers le sont souvent), la possible obtention d’une étoile Michelin.
Oui, vous avez bien lu : la possible obtention directe d’une étoile, si tant est que le cursus Parcoursup du candidat pendant la saison le permette, grâce à un barême sophistiqué de “coups de coeur” administrés par des inspecteurs ténébreux et invoqués tout au long de la saison. Ils seront sporadiquement livrés sur le plateau dans l’obscurité totale, vitre sans tains, contrôles biométriques, ligotés sur des chariots comme on le fit pour Hannibal Lecter à une époque. Ces animaux goûteurs profiteront d’être dans le noir pour retrouver l’anonymat propice aux vacheries. Sur cet épisode, ils étaient encore assez sympas, mais Hannibal Lecter est toujours vachement poli les vingt premières minutes.
Il y aurait beaucoup à dire et à débattre autour de cette surprenante initiative, qui a fait couler beaucoup de stories insta, et survient dans la chronologie des medias quelques jours après, par exemple, la perte d’étoiles d’une de nos zinstitutions, le zom George Blanc.
Je reste assez neutre sur le sujet - pour le coup, on ne peut pas dire que le Michelin ait pris qui que ce soit par surprise, ayant abordé depuis plusieurs années un virage casquette à l’envers et skateboard sur l’épaule, n’hésitant pas à traiter les anciens de “vieux”, et les jeunes de “jeunes”, le tout dans un style souriant de startupeur voileux qu’il est difficile d’aimer ni de trop violemment mépriser.
Ce n’est pas comme si (plus jeune, j’aurais pu le fantasmer) existait au dernier étage de la tour du guide Michelin un maître des livres et de l’histoire de la gastronomie, soucieux d’aménager chacun des mouvements de ses troupes pour réussir à désarticuler et moderniser une discipline sans la désintégrer, ou pour veiller sur le moindre héritage. Ce n’est pas non plus comme si le guide Michelin se vendait vraiment encore.
Bref, ce n’est pas si grave que ça - si l’opération est ridicule, nous ne nous en rendrons compte que dans dix ou quinze ans, d’ici là, tout le monde sera passé à autre chose.
Décidons de prendre du plaisir : il y aura beaucoup, beaucoup d’enjeux dans cette saison de Top Chef, car une étoile, elle, vaut encore très cher.
Parmi les réformes honorables de l’émission, saluons cette formule raccourcie, se concentrant sur un premier pack de 7 candidats avec deux petites épreuves de démo, motivée principalement par un besoin sanitaire: l’être humain a besoin de 6 à 7h de sommeil par jour.
Ainsi, les différentes présentations de candidats qui seront égrénés au fil de ces premières chroniques feront plus tard l’objet d’une page récap des 14 pour vous y référer quand vous le souhaiterez.
Avant d’aborder cette première épreuve se déroulant sur les toits du Printemps Haussman, notons la qualité XXL du jury permanent de cette année, feat. Glenn Viel, Hélène Darroze, Philippe Etchebest, Stéphanie Le Quellec et Paul Pairet.
Epreuve 1 : Poulet Patates
Nous le pensions chacun de notre côté sans nous l’avouer: les toits du Printemps Haussman évoquent irrémédiablement le poulet pommes de terres du Dimanche de la Grand-Mère. Pour célébrer cette association évidente, les sept premiers candidats sont inviter à réinterpréter le plat, en en gardant les marqueurs mais pas trop quand même sinon panpan cucu.
L’occasion pour moi de vous présenter chacun des candidats, et son parcours dans l’épreuve.
Encore une fois, je vous reproduis le disclaimer que je réalise à chaque saison : pour vraiment connaitre la cuisine de ces candidats, il faut goûter leurs plats, venir dans leurs établissements. Je m’efforce, dès que cela est possible, de vous indiquer les adresses de ces chefs et cheffes et leurs compte instagram.
Nous ne jugeons pas ces jeunes gens, mais la représentation qu’un montage de plusieurs heures de rushes donne à voir, dans un narratif canalisé par une production de télévision, dont le but est de réunir des télespectateurs devant le programme et les réseaux sociaux pour tirer un revenu par le biais de publicités et partenariats. Ces représentations à l’écran sont parfois très éloignées des individus, mais vous le savez déjà.
Quentin Mauro, 24 ans - l’umami pour mamie
Bio express: marqué par le décès de sa mère lorsqu’il n’avait que 14 ans, c’est aux côtés de sa grand-mère en Savoie que Quentin a découvert, à la meilleure école, le pouvoir affectif de la cuisine et une nouvelle capacité à “s’exprimer hors les mots”. Jeune apprenti auprès, entre autres, de Christian Etienne, il a écumé quelques grands établissements gastro en tant que chef de partie jusqu’à Prairial à Lyon, ou il devient sous-chef au bout de deux ans. A l’heure où j’écris ces lignes, il officie en tant que chef chez Bonhomie, rue d’Enghein à Paris. Le montage lui fait les yeux doux, il est souriant et parle bien, il peut ne pas partir de sitôt.
Son style: 24 ans de vie mais 9 ans de bouteille, savamment remplie de gastronomie bien française, de basiques hôteliers indispensables, de gourmandises montagnardes, mais ses dernières réalisations affichées laissent également entrevoir une grande capacité d’assimilation de techniques plus savantes, voire postcuisinesques.
Son poulet du Dimanche: Quentin opte tout d’abord pour une pâtisserie en souhaitant cuisiner la madeleine de Proust, mais se ravise et réalise plutôt un poulet pomme de terre assez gourmand et - pour une fois ce mot à la mode est de bon aloi: “régressif”. Fricassée de volaille déglacée au porto et foie de volaille, un filet de poulet poché au jus de volaille, la pomme de terre confite à la graisse toujours de volaille, le tout tapant une brasse détendue dans un sabayon au jus de volaille montée ensuite au beurre de poulet ultra-corsé. Le plat sonnerait très fort dans un portique détecteur de volaille. En topping, petit sel de peau de poulet croustillante. Le tout ressemble à un plat pour mater Netflix sous un plaid, mais en version très très bonne.
Les reacts du jury:
Hélène Darroze : “Ca a intéret à être très bon, visuel facile y’a rien du tout”, puis elle a goûté et n’a plus parlé pendant 5 minutes.
Glenn Viel : “C’est bon, bien assaisonné, pas sec'“
Philippe Etchebest : “C’est assez régressif”
Stéphanie Le Quellec: “Y’a un bon moelleux du blanc de volaille quand même”.
Le verdict du jury:
Glenn Viel et Stéphanie Le Quellec avouent leur crush pour Quentin, qui choisit Glenn Viel et en rejoint ainsi la brigade. Il n’aura pas quitté son sourire de toute l’épreuve et cela fait plaisir à voir.
Charles Neyers, 32 ans - les monteurs le détestent
Bio express: Dîplomé d’hospitality management à l’ESSEC, Charles a cotoyé quelques-uns des plus grands palaces du côté des bureaux (en Food and Beverage Management) pour ensuite se lancer dans la restauration côté traiteur puis côté salle. Cofondateur d’un groupe de restauration à l’origine de trois établissements, il monte avec sa compagne Philippine Jaillet le Boréal, un ancien café de quartier revisité en bistrot vivant et accessible.
Ce qui est appréciable avec la narration de Top Chef, c’est son côté George Foreman: les coups sont dévastateurs, mais lourds et lents - on les voit venir longtemps à l’avance, ils ne sont pas furtifs, ce qui ne les empêche pas pour autant d’atteindre leur but. Avant même que nous n’ayions le temps de trouver Charles tête à claque ou non, avant même que nous nous demandions si le couple était en compétition ou non, le montage, les jurés, la voix off, et même le comptable du Printemps Haussman vont nous suggérer fortement, dans un joli petit paquet cadeau, toutes les bastos. Pas une scène mettant en scène le couple où cette question de la rivalité, de l’émancipation de Philippine, du petit ton hautain de son compagnon, ne soient évoqués ou amenés. Et, à en voir les posts sur les réseaux sociaux, cela marche, puisque, sans avoir fait grand chose d’extraordinaire ou de remarquable, le garçon s’est vu affubler de tous les attributs possibles et imaginables. Cela floute non seulement notre perception de Charles, mais également, par un ricochet dont peu se rendent compte, de celle de Philippine.
Je ne dis pas que je ne partage pas ces ressentis, mais je n’aime pas qu’on ait autant insisté pour me les faire penser.
Son style: difficile à établir pour le moment. Si l’on s’exerce à lister les plats chauds servis au Boréal, visiblement une cuisine assez franche, soucieuse du produit, lisible, végétale mais pas trop, et peu révolutionnaire. L’absence de grosses batailles passées aux fourneaux, l’originalité mesurée des plats ne laissent pas entrevoir un parcours zinzin dans Top Chef, mais tout peut arriver.
Son poulet du Dimanche: Charles veut tenter un truc bizarre à base d’émulsion de pomme de terres et d’une succession de tuiles de peau de poulet mixé et de pommes de terres mixées, bref un truc dont la déconstruction ne ressemble pas trait pour trait à ce qu’il a l’air de sortir dans son restaurant. Rien ne marche, la panique survient, Philippine vient le soutenir parce qu’elle souhaite que les deux réussissent leur épreuve. Charles, finalement, sert les morceaux de poulet confit sauvés de son jus avec l’émulsion (cata) et sa sauce bien corsée. En vrai, le plat est impassable, mais il passera, peut-être grâce au seul avantage de son statut d’antagoniste, fictif ou non: sa présence est souhaitée plus longtemps que le temps d’un épisode.
Les reacts du jury:
Hélène Darroze: “c’est très bon'“
Paul Pairet: “il a su trouver l’essence du plat”
Glenn Viel; “Très gourmand”
Philippe Etchebest: “La pomme de terre manque au plat”
Le verdict du jury: choisi par Philippe Etchebest, dont il rejoint la brigade.
Philippine Jaillet, 30 ans - aussi cheffe
Bio express: après un parcours en école d’art, Philippine Jaillet se forme à la pâtisserie à l’École Ferrandi. Elle se perfectionne auprès de Pierre Hermé, puis au sein des brigades du Taillevent. Nous n’en savons guère plus, une grande partie du portrait lui étant consacré préférant se consacrer au fait qu’une grande partie de la visibilité ne lui est pas consacrée et qu’il faut que ça change.
Son style: apparemment fin et inspiré, avec des apports d’Asie, une approche ludique de la substitution végétale (wellington, pithiviers), et gros kif pour les champignons - avec notamment un plat presque signature auquel elle est souvent associée et célébrée, son Chawanmushi de champignons: huile de poireau, praliné de cèpes, champignons grillés et pickles.
Son poulet du Dimanche: Une sorte de cuisse de poulet en trompe-l’oeil constituée d’une pâte à choux au gras de poulet, purée pomme de terre enveloppant un os de poulet et passé à la friteuse. En bref, une pomme dauphine au gras de poulet à la réalisation réussie (mais cela reste une friture, quoi). Au montage, le plat est envoyé en 10 secondes comme un churros à la plage, et le reste de son temps d’antenne est accordé à son aide auprès de Charles le bébé cadum.
Les reacts du jury:
Paul Pairet : “Une des meilleures idées proposées”
Stéphanie Le Quellec: “Elle a déroule sa partition”
Glenn Viel: “Il manque un peu de poulet”
Philippe Etchebest: “Super bien réalisé”
Le verdict du jury: choisie par Hélène Darroze, dont elle rejoint la brigade.
Noémie Cadré, 36 ans - flamme forte
Bio express: Noémie a connu les grands établissements par un autre chemin que la cuisine, en étant sommelière - ce droit de bouchon lui a fait traverser des maisons comme le Bristol, l’Arpège, ou Jean Sulpice. Après dix ans dans les caves à vins, Noémie décide de changer de voie et passe à la cuisine. Chez Quique Dacosta en Espagne, et Francis Mallman en Argentine, la flamme lui est transmise: elle se découvre la passion et la maîtrise du fumé, de la cuisine brute au feu de bois et de la street food. Arrivée à Rennes, elle aide en cuisine Sibylle Sellam et Grégoire Foucher à Bercail et Pénates, poursuit chez Origines, et finit par ouvrir son propre restaurant, le Caravane Palace.
Son style: cuisine franche, feu de bois, carnes et poissons, dans une gastronomie de comptoir à manger avec les mains ou des copains. Aime beaucoup la raclette.
Son poulet du Dimanche: pour sa première épreuve du feu, Noémie joue un plat sage, minimaliste mais sans la complexité nécessaire au minimalisme: canollo de suprême de volaille avec son bon jus de volaille aux feuilles de figuier et vin jaune, ail confit, et deux pommes soufflées dans l’assiette qui lui prendront un temps interminable. L’absence de prise de risque et la survenue du risque coûtent très cher au plat qu’elle tendra au jury.
Les reacts du jury:
Paul Pairet: “C’est une exécution hésitante, manque de graphisme et d’esthétique. Ca passe à côté du sujet, le poulet n’est pas transcendé”.
Glenn Viel: “C’est l’ail confit qui la rapproche du poulet rôti”
Hélène Darroze: “Quand tu manges la figue ça apaise”
Stéphanoie Le Quellec: “j’ai bien aimé ce twist du jus de poulet”
Le verdict du jury: en dernière chance
Noé Pellet, 36 ans - le nomade
Bio express: Noé a fait ses armes au Chalet de la Forêt, le Pastorale, et Bon Bon aux côtés du chef étoilé Christophe Hardiquest. C’est avec sa compagne Elisa alias Lili qu’il s'est ensuite lancé dans l'aventure audacieuse des restaurants éphémères dans des lieux insolites tels qu'un pigeonnier, une péniche ou encore un verger caché à Namur. Après ces expériences nomades, Noé et Lili s’apprêtent désormais à ouvrir début 2025 à Gesves (province de Namur) un lieu hybride, "Vorace”, regroupant un restaurant aux cartes éphémères, une cave à vins et, toujours plus insolite, une boutique d'optique. Gageons qu’il y cuisine des lentilles.
Son style: peu d’éléments historiques pour parfaitement caractériser le style de Noé, mais il n’aime ni le guindé, ni le figé. Cuisine de mouvement, hop hop à l’instinct, on parle au maraicher, qu’a-t-il ce matin, rien, ok, on embarque le maraicher, on l’étouffe, marinade dans une bache en plastique, rôtisserie au thym, peau grillée, le tout servi avec un petit jaja de la cave, un petit Gigondas bien tenu et ça part. Le mardi, toc toc la police, qu’à cela ne tienne, poule au pot, petit cépage pinot noir on est bien.
Son poulet du Dimanche: on a peur du projet mégalopolis et du trop plein de générosité de Noé, qui met en un plat l’équivalent d’une carte de restaurant: mousse de pomme de terre, rillettes de filet de volaille déglacées au cidre, deux palets de pommes de terre confites à l’ail, brunoise de vitelottes frites à l’ail et à l’échalote, balotines de cuisses de volailles passées au bbq, chips de pommes de terre et sauce volaille et poisson. Le résultat est pas si mal, le poulet me parait bien rose mais je dois être débile, et il est servi avec un nom humoristique, “je prendrai la cuisse”, dont Glenn Viel ne se remettra pas car il adore les blagues.
Les reacts du jury:
Philippe Etchebest: “Manque de coloration sur la peau”, ”Quand tu mélanges ça passe bien”
Stéphanie Le Quellec: “Beaucoup de travail”, “Peut-être se concentrer sur moins de choses ?”
Hélène Darroze: “Le jus est très marqué”
Glenn Viel: “Je suis pas le Dimanche en famille à table”
Paul Pairet : “J’aime bien ce candidat”
Le verdict du jury: choisi par Stéphanie Le Quellec après qu’elle se soit faite dérober Quentin, et rejoignant donc sa brigade !
Killian Franschesi, 21 ans - Poste Chaud Malone
Bio express: ses tatouages jusqu’au visage pourraient le faire passer pour une version kawaii de l’influenceur sportif Guillaume Sanchez, mais il n’en est rien si ce n’est la jeunesse à l’ouvrage. Ce jeune chef privé originaire de Chambéry partage son temps entre la villa grecque où il officie et la France, cuisinant et régalant ses 450.000 followers instagram de recettes agiles et stylées. Il a l’air glouton, malin et passionné par la bouffe, reste à voir ce que ça donne en cuisine.
Son style: j’ai peu d’éléments pour le définir, mais lorsqu’on est capable de satisfaire jour après jour les palais détraqués des nababs russes, américains ou européens, on mérite déjà, à défaut d’un macaron, un white lotus sur le tablier.
Son poulet du Dimanche: paaaaas si maaal… Un effiloché de poulet aux girolles, recouvert d’une crème de pommes de terre montée au café, croquette de pomme de terre confite dans de la graisse d’oie, et une belle chips de peau de poulet qui croustille avant même d’être croquée. Le plat a une convivialité de rue mais avec quelques petits marqueurs taquins, la prise de risque n’est pas insensée mais le job est fait.
Les reacts du jury:
Hélène Darroze: “J’adore la peau rôtie, très réussie”, “Très intéressante comme assiette”
Glenn Viel: “la petite moutarde à l’ancienne est intelligente, mais c’est assez lourd”
Philippe Etchebest: “c’est assez riche”
Paul Pairet : “c’est trop crémeux, mais on comprend où il veut aller”
Phrase très antioprophétique de Paul Pairet, puisque le jury propose à Killian de se rendre en dernière chance aux côtés de Noémie - et je doute qu’il voulait y aller.
Esteban Salazar, 29 ans - l’enfant du soleil
Bio express: un parcours géographique et culinaire redoutable pour ce jeune colombien, qui après un passage dans le Missouri est devenu chef au boutique-hôtel Clic-Clac à Bogota, puis chef pendant 4 ans à l’Habitation Céron en Martinique, qui pratique une cuisine auto-suffisante. Le gaillard y a vu s’y fabriquer du sel, vinaigre, beurre et salaisons, et appris à cuisiner les espèces sauvages poussant dans le domaine. Esteban a coché ensuite une case ElBullienne dans son parcours en étudiant les fermentations et la cuisine moléculaire au Basque Culinary Center de San Sebastian. La gastronomie française l’a finalement récupéré au restaurant Carmona à Paris, puis au château du Thiel en Corrèze où il officiait comme chef jusqu’à maintenant. Jusqu’à cet été au moins, il est chef chez Datsha à Paris, succédant à Baptiste Trudel , Alexia Duchêne, et le duo Vincent Bessy & Joao DaSilva.
Son style: minimaliste, concentré en cuisine, coloré.
Son poulet du Dimanche: bouchée unique - une sucette de poulet, siphon de pommes de terres (bien meilleur que celui de Charles), jus de poulet corsé, et”lactonaise", mayonnaise sans oeufs, littéralement une mayonnais. Une telle simplicité équivaut à un saut en wingsuit depuis le toit du Printemps Haussman en visant les arbres.
Les reacts du jury:
Paul Pairet: “on a les marqueurs du poulet rôti, bémol sur la texture un peu sèche”
Philippe Etchebest: “c’est gourmand” “il a loupé le plus simple, cette farce de volaille, mais bien réussi quand même”
Hélène Darroze: “c’est bon”
Stéphanie Le Quellec: “je me suis régalée”
Le verdict du jury: choisi par Paul Pairet, dont il rejoint la brigade ! C’était clairement un paireto.
Epreuve 2 : Les quatre amiraux puissants ! Luffy compte son argent.
Le père Gwendan Poullennec sort de l’aumonerie pour nous raconter, avec son imparable ton de déconneur, la nouvelle épreuve des candidats, qui seront cette fois jugés par quatre inspecteurs dont la rumeur dit qu’ils dorment suspendus dans une grotte à la périphérie de Paris. Le cousin d’un pote les aurait aperçus dans un rai de lumière une fois : ils portent en collier les coucougnettes de Marc Veyrat, ce à quoi je lui ai rétorqué qu’il ne pouvait en avoir huit, aussi viril soit-il dans ses diatribes. Cela devait être des ris de veau, je préfère cette vision plus romantique, me faisant croire qu’au Michelin on aime encore les classiques de la cuisine française et pas que le dashi.
L’épreuve est la suivante : budget de 16€ pour 4 assiettes, protéine obligatoire. C’est donc une première à la fois pour les candidats mais aussi les inspecteurs, qui n’ont pas mangé de plat à 4€ depuis des années.
Charles embarque dans ses courses saucisse de Montbéliard, poulet lard oignons doux, girolles, et plein de fromages, pour faire un oignon farci façon franc comptoise.
Cet oignon confit au four est farci à la crème avec des bouts de saucisse de Montbéliard, compotée d’oignons laqués au jus de viande et amandes caramélisées, jus brun et girolles en pickles, et touches d’estragon. En rab, des chips de cancoillotte.
Quentin part sur la carotte, qu’il accompagne d’une truite, d’oeufs de truite et de lard. Il en fera un petit gateau de lamelles de carottes en trois cuissons nappées de 200 kilos de beurre (d’une valeur éliminatoire de 68.600€ mais bref), un crudo de truite nappé au gras de lard, sauce de jus de carotte et arêtes de truite. Viel cherche quelque chose de plus acéré, et l’encourage à faire un condiment de pulpe de carotte bien vener.
Noé a acheté des sardines, des oignons doux des cevennes, citron, gingembre et se prend un énorme vent de Stéphanie Le Quellec lorsqu’il propose sa sardine au chalumeau accompagné d’une chips, de mousse d’oignon, et un peu de radis (allez savoir).
Tandis que le discours motivationnel de la coach dure 38 minutes, Noé consacre son temps restant à paniquer, puis à se recentrer sur l’oignon et la sardine, qu’il taillera à la oanéguène, technique française ancestrale. Lui habitué aux doses généreuses doit se résigner à dresser deux filets de sardines par personne.
Esteban subit également un recadrage de Paul Pairet en misant sur une mousse de haricots verts, salade de haricots verts mi-cuits et marinés, moules fumées au barbecue, pied de cochon “chicharron” frits (miam). Maître Paul en a vu d’autre, et pieds de cochon et moule le font bailler comme si on venait de lui dire salade vinaigrette.
Esteban se renforce du conseil et trouve la solution dans l’agachile, marinade au citron vert et jus de concombre, qu’il fout partout dans son plat.
Philippine donne tout pour sa recette après quelques péripéties au marché pour trouver sa protéine. “On ne pense plus du tout à Charles !” prévient avec une vigilance salvatrice Hélène Darroze en voyant la jeune candidate éplucher des pommes de terres.
La recette de Philippine est d’emblée assez élégante - crémeux de pomme de terres, canneloni de feuilles de blettes farci avec pommes de terre, moules poireaux, pickles de raison, le jus des moules servira à une sauce nappant le canneloni de blettes. Tous les légumes sont confit en sus à la graisse de canard que Philippine avait acheté un peu précipitamment.
Les studios sont ensuite évacués à 2 kilomètres de rayon. Une fumée sombre jaillit du sol, et dans un vortex de flammes et de runes holographiques, dans le plus total anonymat, les 4 chefs du Michelin font leur appararition pour juger les plats.
Verdict du plat de Quentin:
Amiral 1 : y’a la carotte en différentes textures, y’a la texture du lardon, y’a beaucoup de travail dans l’assiette, pas de fausse note, très intéressant. La carotte est travaillée dans son intégralité
Amiral 2 : le poisson est très bien cuit, on a les petits morceaux de lard qui viennet réhausser l’ensemble, c’est très bon.
Amiral 3: jolie acidité sur la sauce. Pour 4 euro bravo.
Verdict du plat d’Esteban:
Amiral 1: “C’est rafraichissant.”
Amiral 2: “Le problème c’est qu’on ne sait pas sous la dent si c’est une moule trop cuite ou un gras de cochon, la sauce au fond ça part dans tous les sens”.
Amiral 3: “Un peu étrange en termes de texture et de saveur ouin ouin”
Verdict du plat de Noé - mortifié de présenter deux petits bouts de sardines et un trait de mousse d’oignon.
Amiral 1: “Très très épuré, minimaliste. De la puissance, magnifiée par le bouillon, qui est très puissant.” (répétition de génie)
Amiral 2: “La sardine est cuisinée avec précision”
Amiral 3: “C’est vraiment délicieux. Plein de saveurs, un délice. Entre un amuse-bouche et une entrée.”
Verdict du plat de Charles
Amiral 1: “Y’a de la saucisse. Avec une crème qui coule.”
Amiral 2: “Des mâches différentes plutôt intéressantes.”
Amiral 3: “C’est très bon.”
Y’a pas à dire, ce sont vraiment des magiciens des mots.
Verdict du plat de Phillipine
Amiral 1: “Sauce acidulée, belle émulsion de pomme de terre. Joliment farci, coupé avec la précision.”
Amiral 2: “Parfaitement siphonnée. Remarquable.”
Amiral 3: “Y’a de la gourmandise bien présente, en quantité c’est largement suffisant, chapeau.”
Après avoir consommé les 5 plats de nos candidats et les 14 mots de leur lexique, les inspecteurs du guide donnent leur verdict final : Coup de Coeur pour Quentin !
Sous un choeur d’anges célestins jouant de leur lyre, le père Poullennec accroche à la blouse de Quentin le macaron doré.
Dernière chance
Confrontation finale entre Noémie et Killian, autour du thème “Pomme/Poire”.
Killian joue une sécurité qualitative autour d’un dessert réconfortant: brioche, purée pomme poire, roquette pour du piquant, quartiers de pomme. What you see is what you get : le plat est safe, et le dressage n’est vraiment, vraiment pas zinzin.
Noémie joue l’inverse, en amenant la pomme et la poire dans du salé, avec une entrée. Elle rôtit pomme et poire au beurre et l’ail, amène un bouillon pomme poire dashi, condiment ail, agrume et sarrasin. Audacieux et plutôt maîtrisé.
Verdict du jury
Pour Killian
Paul Pairet : “Franchement c’est pas mauvais.”
Glenn Viel: “J’aime bien cette mache sur les deux fruits.”
Stéphanie Le Quellec: “On avait placé trop d’attente sur cette sauce. Y’a pas de grosse prise de risque, maintenant c’est pas raté.”
Helene Darroze: “Le candidat devra aller un peu plus loin.”
Pour Noémie
Paul Pairet : “Sur l’enchainement des bouchées le gout s’intensifie. On sent la pression dans l’assiette.”
Philippe Etchebest: “C’est pas inintéressant.”
Finalement, le jury récompensera la prise de risque en faisant remporter l’assiette de Noémie.
→ Noémie candidate sans brigade !
Killian Franschesi éliminé de Top Chef saison 16 !
On regrette de ne pas avoir vu un peu plus du garçon, qui semblait pouvoir en proposer plus que ce que l’emballage pouvait laisser croire. Vous pouvez le suivre sur instagram.
A la semaine prochaine pour un autre épisode !
Cette chronique substack, qui prend un temps que vous n’imaginez pas, vous a été offerte. A partir du prochain épisode, ceux et celles qui souhaiteront me lire pourront s’abonner à ces chroniques sous forme de newsletter durant les deux à trois mois de la compétition. Je vous remercie <3
Henry
J'avais oublié qu'il ne fallait pas lire ces récaps au bureau, sous peine de passer pour une zinzin : la description de Noé m'a fait beaucoup trop rire
Trop content de te retrouver dans cette exercice, tu .. régales !!